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Encéphalite à tiques : recommandations

Dernière mise à jour :
05/08/2024

Les encéphalites à tiques sont des maladies virales transmises (essentiellement) par la morsure de tiques. Face à la présence de cas recensés en Auvergne-Rhône-Alpes, retrouvez des informations (transmission, diagnostic, traitement, etc.) et recommandations à destination des professionnels de santé.

Encéphalite à tiques : contexte de la recommandation

Contexte régional

Depuis la mise à déclaration obligatoire de l’encéphalite à tiques (TBE) en mai 2021, une quarantaine de cas ont été déclarés en Auvergne-Rhône-Alpes. La grande majorité d’entre eux sont des cas autochtones, c’est-à-dire ayant acquis le virus localement. La Haute-Savoie, foyer historique de la maladie en Auvergne-Rhône-Alpes, est le département qui en recense le plus (près de la moitié des cas signalés). Toutefois, la surveillance mise en place atteste de la présence du virus dans de nombreux autres secteurs de la région, comme le Livradois-Forez, les Monts-du-Pilat ou encore le Haut-Bugey (Bulletin de Santé publique France Auvergne-Rhône-Alpes sur les maladies vectorielles à tiques paru en septembre 2023).  

Les régions de la façade est de la France (Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté) sont à ce jour les plus concernées par la maladie. 

Professionnels et structures concernés

Cette recommandation s’adresse aux médecins généralistes et aux biologistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Patients concernés

Cette recommandation vise à gérer les cas d’encéphalite à tiques notamment auprès des publics les plus exposés :

  • les professionnels travaillant dans une forêt ou des espaces verts : bûcherons, sylviculteurs, gardes-forestiers, jardiniers et paysagistes ;
  • les agriculteurs et tout autre professionnel travaillant en lien avec des animaux ;
  • les personnes pratiquant une activité en milieu boisé ou en espace vert : promeneurs et randonneurs, campeurs, chasseurs, cueilleurs de champignons, etc.

Encéphalite à tiques : mode de transmission, signes cliniques et prise en charge

L’encéphalite à tiques (Tick Borne Encephalitis -TBE) est due à un virus (flavivirus) transmis à l’homme par la morsure d’une tique infectée. Cette maladie est plus fréquente du printemps à l’automne, période d’activité des tiques. Plus rarement, la contamination peut se faire également par consommation de lait cru ou de fromage au lait cru issus de chèvres ou de brebis porteuses du virus suite à une morsure.

Sur le plan clinique, les formes asymptomatiques semblent majoritaires et représentent 70 à 98 % des cas.

Pour les cas symptomatiques, on observe une évolution en deux phases après une incubation moyenne d’une à deux semaines (2 à 28 jours).

La première phase se manifeste par un syndrome pseudo-grippal aspécifique (fièvre, myalgies, céphalées). Puis, après une amélioration transitoire, une partie des cas (20 à 30 %) va développer des signes neurologiques dus à une atteinte du système nerveux central (encéphalite, myélite) ou périphérique (parésie ou paralysie d’un membre).

Les signes cliniques de l’atteinte centrale sont la prostration ou l’agitation, des tremblements, des troubles du comportement, des troubles de la vigilance ou de la conscience, parfois des convulsions ou le coma. Le décès est rare parmi les cas recensés en France (< 1 % de décès), mais les séquelles, principalement paralysies et troubles du comportement, peuvent atteindre jusqu’à 40 % des cas.

Le traitement est uniquement symptomatique, il n’existe aucun médicament antiviral spécifique contre cette maladie. La convalescence de la maladie est longue, des séquelles neurologiques ou psychiatriques pouvant persister plusieurs années.

Encéphalite à tiques : conduites à tenir pour les professionnels concernés

Réaliser un diagnostic par analyse biologique

Les médecins généralistes sont invités à prescrire des analyses à visée diagnostique. La méthode de choix pour le diagnostic des formes neurologiques de la TBE repose sur la détection des anticorps anti-TBEV de classes IgM et IgG dans le sérum par ELISA (cfavis du 5 juin 2020 du Haut conseil de santé publique (HCSP)).

Il est possible de rechercher une synthèse intrathécale (IgM dans le LCS) mais cette technique n’est pas considérée comme utile dans le diagnostic courant par la conférence de consensus de 2017. Les techniques de biologie moléculaire (RT-PCR) ne sont généralement pas utilisées car la virémie est courte (5 jours) et correspond à la première phase (syndrome pseudo-grippal).

Signaler les cas d’encéphalite à tiques à l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes

L’encéphalite à tiques est une maladie à déclaration obligatoire depuis 2021. Les professionnels concernés sont invités à déclarer sans délai chaque cas identifié à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes (24h/24 – 7j/7) y compris avant les résultats biologiques.

Signaler une encéphalite à tiques

Ces signalements permettent à l’ARS de :

  • détecter des cas groupés et mettre en œuvre de mesures de gestion du risque alimentaire, si un produit laitier est à l’origine de la contamination ;
  • décrire précisément les cas et les modes d’exposition pour justifier une éventuelle révision des recommandations vaccinales ;
  • améliorer la connaissance des secteurs à risque pour mettre en place une information ciblée.

Transmettre les prélèvements (biologistes)

Les biologistes sont également invités à envoyer systématiquement les prélèvements au CNR Arbovirus qui pourra mettre en œuvre d’autres techniques, comme la séroneutralisation si le patient vit ou a séjourné en zone de co-circulation de différents Flavivirus (possibles réactions croisées avec d’autres Flavivirus) ou s’il a des antécédents de vaccination (fièvre jaune, encéphalite japonaise ou encéphalite à tiques).